Conservation enregistrements sonores anciens

The Library of Congress (US) est particulièrement engagée depuis plus de 10 ans dans une démarche de conservation des enregistrements anciens. Elle propose aujourd’hui, via son National Jukebox un accès en streaming gratuit à de nombreux enregistrements qu’elle a numérisés.

Plus de 10000 disques 78 tours du début du siècle dernier sont ainsi passés entre les mains de l’équipe Packard Campus for Audio Visual Conservation.
Il s’agit de disques anciens (1901-1925) provenant de la Victor Talking Machine Compagny rendue célèbre par le fameux chien qui écoute « La Voix de son Maître ». Le long et minutieux procédé de numérisation des disques est notamment présenté en images.

Les enregistrements numérisés disponibles en écoute sont classés par genre offrant ainsi un panorama musical et vocal du début du siècle : musique classique, musique ethnique, musique populaire, musique et discours religieux et des enregistrements vocaux (discours, lecture, théâtre…).
Le site de la Library of Congress permet également de découvrir de nombreuses autres collections d’enregistrements anciens comme notamment la collection de The American Folklife Center.

Poursuivre la découverte de l’univers des enregistrements anciens avec la numérisation d’un enregistrement très ancien de Bismarck ou de l’un des tous premiers enregistrements de Big Ben.

Des enregistrements sonores très anciens

La révélation début 2012 de la découverte d’un enregistrement très ancien de la voix de Otto von Bismarck nous a permis de découvrir tout un univers consacré à la conservation et la restauration, ou plutôt restitution, d’enregistrements anciens.

Depuis fin janvier 2012, le Thomas Edison National Historical Park permet à tous d’écouter le résultat de la numérisation d’un cylindre de cire oublié pendant plus d’un siècle dans un coin du laboratoire de Thomas Edison. Ce cylindre contient un enregistrement de la voix du chancelier Bismarck tout à fait audible. L’enregistrement a été réalisé par Theodor Edward Wangemann en octobre 1889 alors qu’il voyageait en Europe pour présenter un phonographe à l’exposition universelle de Paris. On y entend la voix du chancelier réciter des poèmes et des chants en différentes langues et donner quelques conseils à son fils Herbert.

Au-delà de valeur historique d’un tel document sonore, il faut également souligner la prouesse technique de ramener à la vie des enregistrements d’une extrême fragilité. A la différence de précédentes expériences similaires qui ont eu recours à des techniques optiques avancées, la numérisation du cylindre de cire contenant la voix de Bismarck a été réalisée à l’aide d’une invention française de Henri Charon, l’Archéophone. Il s’agit d’un lecteur analogique universel de cylindres phonographiques, créé en 1998, qui est particulièrement adapté à la lecture de cylindres pour lesquels les techniques optiques restent inopérantes en raison de la gravure en profondeur. Il permet de restituer les enregistrements de tout type de cylindre de cire et de cellulose.
Voici une petite démonstration en image de l’archéophone :

Vous pourrez découvrir toutes les caractéristiques de l’archéophone sur www.archeophone.org. Vous pourrez également y écouter différents enregistrements sur cylindres de 1896 à 1928.

La numérisation du cylindre contenant la voix de Bismarck a été réalisée par une équipe américaine, le collectif First Sounds. Ce collectif créé en 2007 à l’initiative de David Giovannoni, Patrick Feaster, Richard Martin et Meagan Hennessey rassemble différents experts comme des historiens du son, des ingénieurs du son, des techniciens et autres scientifiques. Il s’inscrit dans une démarche d’identification, de préservation, de lecture, d’interprétation et de partage des plus anciens et des plus rares enregistrements sonores appartenant à des collections publiques ou privées. Le collectif First Sounds est à l’origine de l’identification et de la lecture du tout premier enregistrement de voix de l’humanité, clairement identifiable comme telle, un document sonore de 1860 soit 17 ans avant l’invention du phonographe par Thomas Edison. Cet enregistrement réalisé à l’aide d’un phonautographe par son inventeur parisien Édouard-Léon Scott de Martinville, nous donne à entendre quelques paroles de la comptine Au Clair de la Lune :

Plus incroyable encore, la collection de phonautographes de Scott de Martinville numérisée par First Sounds renferme le plus vieil enregistrement sonore connu jusqu’à nos jours, une tentative d’enregistrement de voix de 1857, Jeune Jouvencelle, que nous vous invitons à découvrir sur le site de First Sounds. Que cette visite soit l’occasion de découvrir les autres réalisations du collectif comme la collection de enregistrements expérimentaux des Laboratoires Volta.

Vous pouvez poursuivre la découverte de cet univers passionnant par l’écoute d’une autre merveille sonore, craquante et soufflante, du Thomas Edison National Historical Park : l’un des tous premiers  sinon le premier enregistrement de Big Ben, une prise son de terrain datant de 1890. Vous pouvez également découvrir The library of Congress et ses collections d’enregistrements sonores anciens.

Bruitage d’orage – Castle Thunder

Bruitage d’orage - Castle ThunderNous avons évoqué dans un précédent post un bruitage devenu célèbre pour être une private joke entre sound designers, le cri de Wilhelm, un bruitage qui en dépit de son ancienneté (1951) et de sa résolution dépassée et mainte fois dégradée trouve encore sa place dans la bande son de films récents. Nous avons découvert un bruitage encore plus ancien et tout aussi célèbre par le nombre de films où il apparaît : le Castle Thunder. Il s’agit d’un bruitage d’orage ou plutôt DU bruitage d’orage, tant il est devenu le « son d’Epinal » du bruitage d’orage et de la maison hantée.

Initialement enregistré en 1931 pour le film Frankenstein,  il a été utilisé dans de nombreux films et téléfilms jusque dans les années 80, parmi lesquels : Retour vers le futur (l’éclair frappant la voiture), Citizen Kane, Cléopatre, Ghostbusters, Twilight zone … et Scoubidou. Les plus attentifs ont aussi pu l’entendre dans la maison hantée des parcs Disney.

Ecouter le Castle Thunder sound effect :

Avant la post-synchro

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Au tout début du cinéma parlant, les films destinés à être exploités à l’étranger ne pouvaient pas bénéficier d’un doublage qui n’était pas encore techniquement possible. Les différentes versions des films qui devaient être doublés en plusieurs langues étaient donc tournées sur le même tournage. On procédait ainsi à autant de tournages qu’il y avait de versions linguistiques. Une fois une scène tournée avec l’équipe d’acteurs anglophones, l’équipe d’acteurs francophones pouvait à son tour tourner la scène dans le même décor et avec la même équipe technique, puis les acteurs italiens …

Le film Le Secret du docteur (The Doctor’s Secret – 1929) compte ainsi 8 versions linguistiques tournées simultanément (ou presque) : anglais, français, espagnol, italien, suédois, tchèque, hongrois et polonais. Le film Toute sa vie (Sarah and Son – 1930) en compte pour sa part 7 : anglais, français, espagnol, italien, portugais, suédois et polonais.

L’art des bruits

 L’art des Bruits de Luigi Russolo

L’art des bruits

Ce livre un petit manifeste futuriste de 1913 (!!) destiné à révolutionner le son et la musique.
Pour la petite histoire, Luigi Russolo, l’auteur, est né à Venise en 1885. Membre du mouvement futuriste, il consacra une partie de sa vie à la peinture, avant d’entreprendre de révolutionner la musique. Il invente alors de nouveaux instruments qu’il nomme des intonorumori. En avril 1914, il donne son premier concert, accompagné de 18 bruiteurs, ce qui a pour résultat de déclencher une émeute. Il se produit ensuite à Londres et à Paris, où Stravinski, Ravel et Honegger viennent l’écouter. Il poursuit ses recherches et crée successivement le rumarmonio, sorte d’harmonium que Varèse présente en 1929, ou encore le piano enharmonique ou le « Russolo-phone ». Il meurt en 1947.
Peu connu de son vivant, Russolo est aujourd’hui considéré comme le précurseur de la musique électronique. Des musiciens comme John Cage, Pierre Schaefer ou Pierre Henry lui ont notamment rendu hommage.

40 pages – Editeur : Allia (2003) – Langue : Français
ISBN-10: 2844851142 – ISBN-13: 978-2844851147

Bruits et sons dans notre histoire

Bruits et sons dans notre histoire : essais sur la reconstitution du paysage sonore de Jean-Pierre Gutton

bruits et sons dans notre histoire

Présentation du livre par l’éditeur : Nos ancêtres du Moyen Age ou des Temps modernes vivaient dans un environnement souvent bruyant et dans lequel les formes de communication orale avaient, pour le plus grand nombre, une autre importance que celles de l’écrit. Les cloches rythmaient bien des activités ; les pouvoirs faisaient connaître leurs décisions par des  » crieurs  » ; charivaris, rumeurs, invectives publiques étaient les vecteurs d’une justice populaire redoutée. L’effort d’acculturation que la monarchie et les Églises conduisent pour  » policer  » sujets et fidèles tend à maîtriser bruits et sons. Le paysage sonore résulte donc de considérations autant spirituelles et sociales que matérielles. Les années 1750 commencent à découvrir intimité et acoustique, mais c’est évidemment le siècle suivant qui apportera les bouleversements les plus importants : révolution industrielle, multiplication des moyens d’information, premiers instruments de conservation et de reproduction des sons. Notre temps est confronté au fléau du bruit et aux questions, techniques et politiques, posées par sa nécessaire maîtrise. L’histoire des aspects sonores du passé, pour difficile qu’elle soit, est indispensable à la compréhension de la sensibilité de nos pères comme à celle de la nôtre.

184 pages – Editeur : Presses universitaires de France – PUF (2000) – Langue : Français
ISBN-10: 2130508642 – ISBN-13: 978-2130508649

Premier bruitage de l’histoire

Big Ben : premier bruitage de l’histoire

La première prise son de terrain de l’histoire, connue à nos jours, a été réalisée à Londres par Miss Ferguson et Graham Hope le 16 juillet 1890 à 10h30 ! Une précision qui tient au contenu du bruitage enregistré : la sonnerie de Big Ben annonçant 10h30, 10h45 puis 11h00.

Enregistré sur un cylindre de cire, ce bruitage est aujourd’hui conservé au Edison National Historic Site National Park Service qui en propose une version MP3. Relevant du domaine public, nous pouvons librement en proposer une écoute :

D’autres merveilleux fossiles sonores sont à découvrir dans cet article consacré aux sons très anciens.

Jack Foley, pionnier du bruitage

Jack Foley (1891-1967) est certainement l’un des bruiteurs les plus connus principalement parce que son nom désigne depuis les années 50, chez les anglo-saxons, les bruitages réalisés en post-production.

Pour la petite histoire, Jack Foley travaillait pour Universal notamment en tant que responsable de la réalisation des bruitages du film Smuggler’s Island. Différentes scènes de ce film faisaient appel à des sons de barques (les acteurs devant traverser un lac à plusieurs reprises). Jack Foley, dans le but de gagner du temps sur l’édition des sons, décida de jouer ces scènes en studio et d’enregistrer « one shot » les bruitages directement synchronisés avec les images qui étaient projetées sur un écran. Le résultat est apparu si efficace que la technique a rapidement été associée à son nom.

Robert Mott précise toutefois que Jack Foley n’a pas inventé la technique de réalisation des bruitages synchronisés, son nom lui a simplement été associé. Avant cela la technique existait déjà, on désignait par effets synchronisés les bruitages qui avaient besoin d’être ajoutés à un film. Chez Paramount Pictures, par exemple, le terme employé pour ces bruitages était make and sync.

Il a néanmoins travaillé en tant que Foley Artist (bruiteur) sur de nombreux films parmi lesquels Spartacus (1960), Dracula (1931), Show Boat (1929), The Phantom of the Opera (1925) ce qui lui a valu différents Awards.

Jack Foley pionnier du bruitage

Jack Foley

Le premier film avec du son

Alors que le premier film sonore de l’histoire du cinéma reste pour beaucoup The Jazz Singer (1927), un premier film expérimental datant de 1894 ou 1895 montre bien l’ébauche un enregistrement du son en même temps que les images. Le Dickson Experimental Sound Film est un court métrage réalisé par William K.L. Dickson.

C’est le premier film tourné pour le Kinétophone, un dispositif développé par Thomas Edison et William K.L. Dickson permettant d’enregistrer le son sur un cylindre de cire. Le film fut produit à la Black Maria, un studio de tournage d’Edison. On y voit un homme jouant du violon devant l’énorme cône servant à recueillir le son, alors que deux hommes dansent devant lui. La séquence dure moins de trente secondes.

Le film a été restauré récemment. L’histoire aura voulu que le film et la bande sonore restent séparés pendant plus de 100 ans, soigneusement rangés dans des archives différentes des Etats-Unis. Il aura plus de 100 ans avant qu’un homme se dise qu’il y avait peut-être un rapport entre ce rouleau de film et ce rouleau de cire. Il fait aujourd’hui partie du United States National Film Registry.

Voici le film de sa restauration  :

L’inventeur du microphone

L’invention du premier microphone (utilisable) est attribuée à Alexander Graham Bell surtout connu comme l’inventeur du téléphone (pour lequel un micro était nécessaire). Cette paternité est toutefois contestée pour revenir à Émile Berliner, l’inventeur du gramophone. Il aurait ainsi conçu le premier micro le 4 mars 1877.

Emile Berliner inventeur du microphone

Emile Berliner parlant devant l’une de ces premières inventions : le microphone