La révélation début 2012 de la découverte d’un enregistrement très ancien de la voix de Otto von Bismarck nous a permis de découvrir tout un univers consacré à la conservation et la restauration, ou plutôt restitution, d’enregistrements anciens.
Depuis fin janvier 2012, le Thomas Edison National Historical Park permet à tous d’écouter le résultat de la numérisation d’un cylindre de cire oublié pendant plus d’un siècle dans un coin du laboratoire de Thomas Edison. Ce cylindre contient un enregistrement de la voix du chancelier Bismarck tout à fait audible. L’enregistrement a été réalisé par Theodor Edward Wangemann en octobre 1889 alors qu’il voyageait en Europe pour présenter un phonographe à l’exposition universelle de Paris. On y entend la voix du chancelier réciter des poèmes et des chants en différentes langues et donner quelques conseils à son fils Herbert.
Au-delà de valeur historique d’un tel document sonore, il faut également souligner la prouesse technique de ramener à la vie des enregistrements d’une extrême fragilité. A la différence de précédentes expériences similaires qui ont eu recours à des techniques optiques avancées, la numérisation du cylindre de cire contenant la voix de Bismarck a été réalisée à l’aide d’une invention française de Henri Charon, l’Archéophone. Il s’agit d’un lecteur analogique universel de cylindres phonographiques, créé en 1998, qui est particulièrement adapté à la lecture de cylindres pour lesquels les techniques optiques restent inopérantes en raison de la gravure en profondeur. Il permet de restituer les enregistrements de tout type de cylindre de cire et de cellulose.
Voici une petite démonstration en image de l’archéophone :
Vous pourrez découvrir toutes les caractéristiques de l’archéophone sur www.archeophone.org. Vous pourrez également y écouter différents enregistrements sur cylindres de 1896 à 1928.
La numérisation du cylindre contenant la voix de Bismarck a été réalisée par une équipe américaine, le collectif First Sounds. Ce collectif créé en 2007 à l’initiative de David Giovannoni, Patrick Feaster, Richard Martin et Meagan Hennessey rassemble différents experts comme des historiens du son, des ingénieurs du son, des techniciens et autres scientifiques. Il s’inscrit dans une démarche d’identification, de préservation, de lecture, d’interprétation et de partage des plus anciens et des plus rares enregistrements sonores appartenant à des collections publiques ou privées. Le collectif First Sounds est à l’origine de l’identification et de la lecture du tout premier enregistrement de voix de l’humanité, clairement identifiable comme telle, un document sonore de 1860 soit 17 ans avant l’invention du phonographe par Thomas Edison. Cet enregistrement réalisé à l’aide d’un phonautographe par son inventeur parisien Édouard-Léon Scott de Martinville, nous donne à entendre quelques paroles de la comptine Au Clair de la Lune :
Plus incroyable encore, la collection de phonautographes de Scott de Martinville numérisée par First Sounds renferme le plus vieil enregistrement sonore connu jusqu’à nos jours, une tentative d’enregistrement de voix de 1857, Jeune Jouvencelle, que nous vous invitons à découvrir sur le site de First Sounds. Que cette visite soit l’occasion de découvrir les autres réalisations du collectif comme la collection de enregistrements expérimentaux des Laboratoires Volta.
Vous pouvez poursuivre la découverte de cet univers passionnant par l’écoute d’une autre merveille sonore, craquante et soufflante, du Thomas Edison National Historical Park : l’un des tous premiers sinon le premier enregistrement de Big Ben, une prise son de terrain datant de 1890. Vous pouvez également découvrir The library of Congress et ses collections d’enregistrements sonores anciens.
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